Le miracle chinois et son modèle
"C'est dans l'emballage de pierres tombales en polystyrène que Julie Keith a decouvert une drôle de lettre. Alors que cette mère s'apprêtait à décorer son jardin pour Halloween après avoir fait ses emplettes au supermarché local elle s'est retrouvée face à l'appel au secours d'un travailleur forcé chinois.
On peut notamment y lire en anglais et avec quelques mots en chinois "Monsieur: si vous venez d'acheter ce produit pourriez vous avoir l'amabilité de transmettre cette lettre à l'organisation mondiale des droits de l'Homme (...) Il est fait mention de journée de 15Heures de travail sans pause dominicale ni vacances, mais également de torture et de salaires dérisoires. Ces travailleurs purgent une peine d'un à trois ans sans jugement.
L'auteur précise que ces fausses pierres tombales ont été fabriquées au camp de travail Masanjia à Shenyang, au Nord-Est de Pékin."
Le Monde du 28/12/12 Blog "Big Browser"
"Toutes les fois que la loi impose la limite de dix heures pour le travail des enfants dans les branches d'industrie non réglementées, on entend retentir de nouveau les plaintes des fabricants. Nombre de parents, disent-ils, retirent leurs enfants des industries dès qu'elles sont soumises à la loi, pour les vendre à celles où règne encore « la Liberté du travail », c'est-à-dire où les enfants au-dessous de treize ans sont forcés de travailler comme des adultes et se vendent plus cher. Mais comme le capital est de sa nature niveleur, il exige, au nom de son Droit inné, que dans toutes les sphères de production les conditions de l'exploitation du travail soient égales pour tous. La limitation légale du travail des enfants dans une branche d'industrie entraîne donc sa limitation dans une autre.
Nous avons déjà signalé la détérioration physique des enfants et des jeunes personnes, ainsi que des femmes d'ouvriers que la machine soumet d'abord directement à l'exploitation du capital dans les fabriques dont elle est la base, et ensuite indirectement dans toutes les autres branches d'industrie. Nous nous contenterons ici d'insister sur un seul point, l'énorme mortalité des enfants des travailleurs dans les premières années de leur vie. Il y a en Angleterre seize districts d'enregistrement ou sur cent mille enfants vivants, il n'y a en moyenne que neuf mille cas de mort par année (dans un district sept mille quarante-sept seulement); dans vingt-quatre districts on constate dix à onze mille cas de mort, dans trente-neuf districts onze à douze mille, dans quarante-huit districts douze à treize mille, dans vingt-deux districts plus de vingt mille, dans vingt-cinq districts plus de vingt et un mille, dans dix-sept plus de vingt-deux mille, dans onze plus de vingt-trois mille, dans ceux de Hoo, Wolverhampton, Ashton-under-Lyne et Preston plus de vingt-quatre mille, dans ceux de Nottingham, Stockport et Bradford plus de vingt-cinq mille, dans celui de Wisbeach vingt-six mille, et à Manchester vingt-six mille cent vingt-cinq. Une enquête médicale officielle de 1861 a démontré qu'abstraction faite de circonstances locales, les chiffres les plus élevés de mortalité sont dus principalement à l'occupation des mères hors de chez elles. Il en résulte, en effet, que les enfants sont négligés, maltraités, mal nourris ou insuffisamment, parfois alimentés avec des opiats, délaissés par leurs mères qui en arrivent à éprouver pour eux une aversion contre nature. Trop souvent ils sont les victimes de la faim ou du poison.
Karl Marx Le Capital, Livre 1, Chapitre XV