Le travail disparaît, tant mieux!
C'est être équipé de sacrés œillères ou capitaliste fanatique de ne pas s'apercevoir de la limite objective auto-destructrice de la société marchande. Dans son agonie, cette société entraîne toutes les catégories qui lui sont constitutives. A commencer par le travail, l'essence même de la valeur au centre de la production et consommation de marchandises.
Avec cette sensibilité humaine avant d'être humaniste, ce jugement absolu dont la critique radicale ne peut se passer, on ne peut déplorer la fin d'un monde qui mets les hommes et les femmes au service de la marchandise à des occupations indignes et aliénantes avant tout. Comment ne pas se réjouir de la mort du travail ? A moins d'être un vieux marxiste fétichiste du travail, comment ne pas se réjouir de voir que l'automatisation remplace les tâches les plus ignobles par la machine ?
Une conscience critique sait aussi que cette joie n'a qu'un temps. Elle sait que la mort du travail ne signifie pas l'émancipation des prolétaires et qu'elle entraîne la mise au rebut de plus en plus d'individus forcés à mendier les miettes accordées par les aides sociales.
Mais l'intransigeance face aux nostalgiques du "bon travail productif" est une condition sine qua non à
l'élaboration d'une critique radicale de la société de la valeur. Il faut affirmer qu'il y a quelque chose de dégueulasse dans la défense du pseudo"savoir faire" de l'ouvrier ou de l'employé : la
répétition infini du même geste produit avant tout un homme-machine vidé de tout rapport à l'objet de la production. Les socio(apo)logues du travail tels qu'Elton Mayo ont eu la tâche éminemment
puante de faire accepter les conditions inhumaines aux prolétaires. "Tu bouffes de la merde et on va te faire aimer ça", voilà l'entreprise des psychosociologues experts en relations
humaines.
Ne soyons pas naïf sur la fausse libération proposé par les fétichistes de la technologie. Mais cessons d'avoir peur pour nos emplois en allant de l'avant par l'élaboration d'un nouveau monde où notre énergie ne sera plus utilisée à des fins abstraites !