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03 Dec

Les rencontres Lilloises du 25 et 26 novembre 2009

Publié par Critique de la valeur  - Catégories :  #Evenements



         Nous avons eu le plaisir de rencontrer Moishe Postone à l'occasion de sa venue à Lille pour deux conférences ; l'une à l'auditorium du Palais des Beaux-arts de Lille dans le cadre de Citéphilo et l'autre à l'Institut d'Etudes germanique à l'Université Lille3. J'en profite pour remercier mon ami Gérard Briche qui a permis à ces journées d'avoir lieu.


Le mercredi 25, dans l’amphithéatre du Palais des Beaux-arts de Lille, Moishe Postone a exposé la réinterprétation de Marx qu'il a développée dans son livre Temps, Travail et Domination sociale (1993) traduit l'année dernière en français. Il était entouré de Gérard Briche, d'Anselm Jappe et d'une interprète. Le texte intégral de la conférence est disponible en téléchargement sur le site de citéphilo.

Les thèmes abordés au cours de la conférence étaient : la description de la dynamique historique propre à l'époque capitaliste, le temps abstrait et le temps historique comme formes historiquement déterminées, la manière dont logique marchande structure les inclinations des hommes et la dialectique de l'abstrait (universel) et du concret (particulier) , la différence entre la valeur et la richesse matérielle, et les limites intrinsèques de la logique capitaliste.

Malheureusement, les faiblesses de la traduction ont souvent rendu malaisée la compréhension d’un exposé très dense, dans la mesure où Moishe Postone voulait pratiquement résumer le contenu de son ouvrage. Dans l’assistance, certains ont critiqué un texte trop difficile, et desservi au surplus par une traduction maladroite. Quelques interventions ont en revanche souligné que le sujet de l’exposé était de toute façon ardu, et qu’on ne pouvait reprocher à Moishe Postone de présenter une pensée dont la compréhension exigeait incontestablement un effort. Moishe Postone a cependant, pour répondre à quelques questions du public, su présenter de manière synthétique quelques traits essentiels de sa relecture de Marx. Le texte de la conférence sera de toute façon disponible sur ce site, mais ne permettra certes pas de faire l’économie d’une lecture de Temps, Travail et Domination sociale.






   Le matin du 26 novembre, une rencontre a eu lieu à l'hôtel Brueghel, réunissant des amis de la « critique de la valeur ». Y participaient en particulier des amis allemands proches de la revue Exit !, mais aussi des amis de Lille, de Bruxelles et de Paris qui se reconnaissent dans ce courant ou entretiennent un rapport d’intérêt critique avec lui. Le but de cette rencontre est de permettre une meilleure connaissance de ce courant en éclaircissant quelques points de théorie et d’histoire.


On aborde d'abord le rapport à Marx de cette « nouvelle critique de la valeur ». On insiste sur le fait qu'il n'est pas question de défendre l'idée qu'il y aurait un "vrai Marx", dont la pensée aurait été trahie et devrait être restaurée. Il s'agit bien plutôt de constater que dans ses textes, et en particulier dans les textes qui n’étaient pas destinés à être publiés (et on pense évidemment aux Grundrisse), Marx va parfois au-delà de ce que le marxisme traditionnel présente comme sa pensée. On cherchera donc, en s’appuyant sur ces éléments souvent hésitants, discontinus, d'aller "avec Marx au delà de Marx", et en quelque sorte de mettre à jour, à partir de ces intuitions souvent "fulgurantes", un « autre Marx » (un « Marx ésotérique » comme dit Robert Kurz) dont l’actualité est étonnante. C’est à une telle lecture que s’attache l’ouvrage de Moishe Postone.

A une remarque que dans le domaine artistique aussi, on trouve un discours de « critique de la valeur », il est répondu qu’effectivement, il n’est sans doute pas indifférent de noter que c’est dans ce domaine que les thèses de la « nouvelle critique de la valeur » ont rencontré un intérêt durable.

Il est ensuite question de la scission qui s’est produite au sein de la revue allemande Krisis, dont la conséquence a été le départ de plusieurs rédacteurs autour de Robert Kurz, qui ont fondé la revue Exit !. Carsten Weber et Hanns von Bosse précisent que certes, un différent théorique concernant la thèse de la dissociation-valeur existait depuis longtemps, mais que ce différent n’aurait pas suffi à provoquer le départ d’une partie du groupe et que d’autres considérations, difficiles à mettre en évidence, sont à l’origine de la scission (en particulier, sans doute, la croissance rapide et difficile à gérer du groupe, après le succès du pamphlet Manifeste contre le travail). Mais il est clair qu’après quelques années, les différences entre la revue Krisis (depuis le n°28 – premier numéro après la scission) et la revue Exit ! sont sensibles. Alors que Exit ! veut continuer sur la voie d’un approfondissement théorique, Krisis semble plus désireuse d’acquérir et de renforcer son audience, quitte à « affadir » ses positions théoriques au profit d’analyses plus « concrètes ». Il n’est pas sûr du reste que cette stratégie soit un succès : tandis que ceux qui attendent un effort théorique restent sur leur faim, des analyses « concrètes » sont toujours trop « théoriques » pour ceux qui cherchent des mots d’ordre.

Il est clair cependant que Exit ! formule des critiques précises aux positions de Krisis, comme une utilisation floue du concept d’appropriation (appropriation de quoi ? comment ?) et une sympathie non-critique avec des groupes « alternatifs » comme le groupe Oekonux.

Dans la dernière partie de la réunion, la discussion tourne autour de la situation en France et particulier dans les universités, en comparaison avec la situation de l'Allemagne. Il semble ainsi que dans ces deux pays, il n’y ait plus rien d’une "contestation étudiante".




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